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Autour du plaisir

Et après?

30 Mai 2016 , Rédigé par Naughtybzhboy

Après cette formidable et excitante aventure, mon ressenti était très sincèrement que cela ne se reproduirait pas.

D'autant plus au vu du comportement d'Éric les jours qui suivirent...

Autant, lorsque nous étions au collège, il avait ses propres camarades (nous étions dans des classes différentes), autant on arrivait à se trouver quelques minutes pour discuter que ce soit aux inters cours ou à la sortie. Mais, à partir de ce fameux après-midi, il m'évita pendant plusieurs jours...

Lorsque je le croisais, il me saluait tout aussi chaleureusement qu'à l'habitude mais ne s'attardait plus du tout en ma compagnie.

Son comportement me donnait à penser que le simple fait de nous voir ensemble révélerait à tout le collège ce que nous avions partagé.

Mais son attitude envers Olivier était encore plus regrettable car il l'ignorait purement et simplement.

Le week-end passa sans que je n’aie aucune nouvelle de sa part.

Le lundi fut du même acabit que les jours précédents et cette situation me fit regretter notre expérience, étant totalement persuadé que ces quelques heures de plaisir partagé avait brisé quelque chose dans notre amitié.

Cela m'attristait grandement, et je fus réellement surpris qu'il m’aborda juste avant le début du dernier cours du mardi, m'ordonnant presque de le rejoindre chez lui, le lendemain après-midi après 15h.

J'acceptais immédiatement, peut-être trop précipitamment, son invitation. Et cela occupa intégralement mon esprit durant, non seulement le cours qui suivit, mais aussi toute la soirée et jusque tard dans la nuit.

Persuadé qu'il avait l'intention de me demander, à nouveau, de ne surtout jamais parler de cela à qui que ce soit ou de me dire qu'il ne fallait plus que l'on se voit après ça, j'étais prêt à le supplier d'oublier tout cela et de faire comme s'il ne s'était jamais rien passé tellement je ne voulais pas perdre son amitié et les longues heures de complicité que l'on avait vécues.

Cette invitation perturba mon sommeil et m'obnubila toute la matinée.

Je mangeais dans appétit et ne pût me résoudre à attendre l'heure de le rejoindre enfermé à la maison.

Il me fallait moins de 5 minutes pour me rendre chez lui, mais je partis dès 13h30.

Je me dirigeais alors vers le bois où nous avons l'habitude de nous promener et nous amuser.

Partir plus tôt était, en quelque sorte, une façon de reculer l'échéance que je craignais fatidique.

Il pleuvait légèrement, mais ces fines gouttes me faisaient un bien fou.

Et ce, malgré le sentiment de malaise qui m'envahissait peu à peu.

J'avais un réel besoin de me détendre avant de le rejoindre et je savais ce qui m'aiderait le plus...

Ce bois où je passais tant d'heures recelait d'innombrables cachettes, (les premières m'ayant été révélées par Éric qui habitait la commune depuis sa plus tendre enfance et bénéficiait de l'expérience de ses frères aînés en la matière)

Je me dirigeais vers l'une d'entre elles, découvertes quelques semaines auparavant et que j'espérais connue de ma seule personne.

Cette cachette n'était pas située dans le bois à proprement parler, mais plus exactement en lisière de la partie où les sentiers étaient quasi inexistants et, de ce fait, la moins fréquentée.

Après quelques courtes minutes de marche, j'atteignais mon objectif.

J'escaladais un talus et arrivais à cette petite remise abandonnée au fin fond d'un champ plus entretenu depuis bien des années.

Le passage pour pénétrer cet abri de fortune était très étroit, dissimulé sous un arbre tombé lors de la tempête d'octobre. (C'est d'ailleurs lors d'une de mes nombreuses explorations de recensement de tous ces arbres tombés que je l'avais découvert.)

Je rentrais au prix de quelques contorsions et cherchais, au-dessus d'une poutre, le sac congélation où je dissimulais le paquet de cigarettes et un briquet.

J'avais débuté ce vice quelques mois auparavant, initié par... Éric.

Je rejoignis un second arbre couché, quelques centaines de mètres plus loin, où nous grimpions Éric et moi, afin de tout voir dans être vus mais surtout pour fumer à l'abri des regards.

La première bouffée fût, comme bien souvent à l'époque, pas très agréable, mais les suivantes, bien meilleures, m'occupèrent l'esprit quelques minutes.

Mais cela ne fit que retarder l'échéance. Je planquais mon précieux chargement dans les feuillages touffus de ce châtaignier couché, persuadé de revenir très vite m'y réfugier après le verdict de notre entrevue et je me dirigeais vers chez mon ami.

Arrivé à destination, je frappais, le cœur battant et la boule au ventre.

Il m'ouvrir aussitôt, comme s'il avait guetté mon arrivée et m'invita à entrer, un grand sourire barrant son visage.

Ce changement de comportement (ou plutôt ce retour à la normale) me ravit mais me troubla néanmoins.

Il me proposa de boire quelque chose, ce que j'acceptais volontiers, surtout pour reculer le dialogue.

Je devinais que mon inhabituel mutisme le troublait, mais semblait le rassurer tout autant.

Je prenais bien soin de lui laisser entamer la conversation. Je dois avouer que je découvrais alors une facette de mon ami que je n'avais jamais ne serait-ce qu'entraperçue jusque-là.

Lui, le garçon habituellement d'une assurance frisant l'arrogance, avait perdu de cette superbe qui me fascinait et m'intimidait.

Nous nous retrouvions, pour la toute première fois en 5 années d'amitié quasi à armes égales, tout aussi mal à l'aise l'un que l'autre.

Et, bizarrement, alors qu'en temps normal cela m'aurait tellement troublé de perdre ainsi mes repères face à ce modèle à qui je voulais tant ressembler et que je désirais tout le temps impressionner, la situation m'amusa énormément.

Moi, l'adolescent si peu sûr de lui, quasi soumis à cet ami, qui n'osait jamais prendre d'initiative de peur d'être ridicule, découvrait le sentiment de puissance que pouvait apporter ce secret partagé.

Car si notre expérience venait à s'ébruiter, pour ma part, ce ne seraient que railleries et moqueries bien habituelles pour moi... Avec une étiquette de "pd" collée pour le reste de l'adolescence... (Sans compter la rouste phénoménale qui me tomberait dessus si cela venait aux oreilles de mon père)

Mais pour lui, les enjeux étaient bien autres... Comment ne pas craindre de voir détruite son image de Don Juan auprès de ces demoiselles ?

Comment ne pas se retrouver avec la hantise de voir écornée, si ce n'est anéantie, son image de caïd pour quelques caresses avec son meilleur ami ?

Cela pourrait paraitre purement égoïste de ma part, mais son apparent malaise apaisa le mien.

Mais cela ne résolvait pas le problème, nous discutions de tout et de rien, mais surtout pas de ce qui me tracassait.

Il me proposa de descendre fumer une cigarette. (contrairement à moi, il n’avait aucun à se les procurer car, du fait que son père, sa mère et ses 3 frères qui vivaient encore chez lui fumaient, le tout certainement accentué par le prix dérisoire d’un paquet à l’époque (moins de 10 F), il y avait toujours un ou deux paquets entamés qui trainaient dans un tiroir. Quand ce n’était pas ses frères qui les lui fournissaient en échange de services ou mensonges sur leur retour au-delà de l’heure imposée)

Je me souviens que ce jour-là, c’était un restant de paquet de sa mère qui trainait dans un tiroir, des cigarettes longues mentholées.

Nous descendions à la cave et allions nous asseoir sur les chaises de jardin installées sous le balcon afin de nous abriter de la pluie de plus en plus dense.

Assis côte à côte, nous fumions en silence. Il prît enfin la parole et aborda le sujet qui nous hantait tous deux.

Il me demanda simplement :

« - T’as repensé depuis à ce qui s’est passé mercredi ?

Je lui répondis un simple « Oui », la bouche pâteuse, le pouls augmentant.

Il hocha juste la tête et dit :

  • il faut absolument que cela reste entre nous…

J’acquiesçais et le questionnais :

  • Et Olivier ?
  • Il m’en a parlé dès le jeudi et, tu le connais, il m’a dit que c’était une grosse erreur et qu’il ne voulait plus nous fréquenter. Et qu’il ne fallait surtout pas que cela se sache.
  • Au moins il ne parlera pas… Imagine si ses parents l’apprennent…
  • Et pourtant il parlera…

La réponse d’Éric me fit paniquer jusqu’à ce que je remarque son sourire narquois et il ajouta, hilare :

  • Lorsque sa mère l’amènera pour sa confession… »

Et on éclata tous les deux de rire.

Le silence s’installa de nouveaux pendant quelques secondes et il reprit la parole :

  • Tu as aimé ?

Je voulus répondre mais les mots se bloquaient dans ma gorge. Je me contentais d’un hochement de tête accompagné d’un « oui » très timide et à peine audible.

Il me répondit simplement :

  • Moi aussi…

Nos cigarettes finies, il m’invita à rentrer jouer une partie de billard et dès la partie entamée, il changea de nouveau de sujet.

On enchaina 2 ou 3 parties et il m’invita de nouveau à sortir fumer une cigarette.

Nous fumions en silence, comme si, de se retrouver côte à côte rendait inévitable le fameux sujet.

Et on ne l’évita pas car il me demanda :

« - Tu voudras recommencer ?

Ne voulant pas montrer un trop grand enthousiasme, je laissais un léger blanc avant de répondre positivement.

Il répondit simplement :

  • Cool… »

On joua quelques parties de billard supplémentaires avant que je ne rentre, à la fois rassuré et intrigué…

Quand allait-on recommencer, comment cela allait-il se passer sachant que cela n’aurait pas la spontanéité de la première fois…

Et surtout quand ?

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